Ecrire et conter – Découvrez l’exposition de l’IFE !

À l’occasion de la célébration du bicentenaire du déchiffrement des hiéroglyphes par Jean-François Champollion, l’Institut français d’Égypte s’associe avec la Bibliothèque d’Alexandrie et l’Institut français d’archéologie orientale (IFAO) autour d’Ecrire et Conter, cycle consacré à l’écriture sous toutes ses formes, en faisant des découvertes de l’archéologue français le point de départ.

 

Découvrez ci-dessous un focus sur une partie des œuvres de l’exposition :

Focus d’œuvre #1

Cette œuvre de l’artiste Hamed Abdalla s’inscrit dans l’exposition « Écrire et Conter » de par le traitement calligraphique du sujet représenté, rappelant les calligrammes de Guillaume Apollinaire.

Réalisées en 1983 d’après des créations datant des années 1950 par l’artiste Hamed Abdalla, figure emblématique du modernisme en Égypte. Ces quatre diapositives grattées à la plume sont ici agrandies et suspendues dans l’espace sous la forme d’une installation.

Représentant les corps, parfois s’enlaçant, de femmes et d’hommes grâce à la calligraphie arabe, l’artiste donne au concept de « lettrisme expressionniste » ou « mot-forme » ( الحروفية التعبيرية ), une dimension sensible au travers d’un support photographique évoquant l’intimité d’un moment passé, oublié. S’effaçant dans la représentation des silhouettes, ces fragments de textes jouent de la transparence du support et s’appréhendent de part et d’autre en convoquant la déambulation du regard face à cette composition d’images en suspensions. Un jeu de superposition s’opère entre deux diapositives dont la figuration se décline sous les lettres, et deux autres, à la facture davantage picturale, rappelant les caractéristiques du cubisme.

Hamed Abdalla (1917-1985), Couple fellah (in série Hiéroglyphes arabes), agrandissements de pellicules grattées à la plume sur plexiglass, 70×46 cm, 1983, Collection de la famille Abdalla, 2022.

Focus d’œuvre #2

Heba Helmi et Cécilia Sagouis Coulon, ont bénéficié du programme de résidence Villa Champollion à l’atelier typographique de l’IFAO, soutenue par l’IFE avec l’assistance experte de Hani Wead.

Heba Helmi

Artiste céramiste égyptienne, travaillant entre la France et l’Egypte.

Ses tableaux et ces pièces en céramique ont été réalisées grâce à l’utilisation des caractères hiéroglyphiques, arabes et latins en plomb. Les hiéroglyphes sont perçus comme une écriture sacrée et leur auteur est le gardien du sacré ou « celui qui s’occupe des questions de magie et de sciences occultes ». Ces lettres ont inspiré à l’artiste un voyage dans le temps à la recherche de cette magie : les sortilèges contemporains sont faits d’argile de terre, les premières matières sur lesquelles l’homme a inscrit son histoire, argile estampée des lettres de l’imprimerie inventée par le même homme après des centaines de milliers d’années.

« Les strates de l’histoire de l’Égypte se superposent l’une sur l’autre, alors les archéologues s’emploient à les déchiffrer. Moi je navigue dans le sens contraire, j’aimerais ajouter plus d’ambiguïté. J’ai mélangé les hiéroglyphes avec la calligraphie arabe et les arts du tissage copte pour créer une nouvelle langue magique composant une œuvre d’art qui aspire à devenir une amulette contemporaine pour ravir les âmes et guider les cœurs et les esprits. »

@hebahelmi

Heba Helmi, Talisman 1, matériaux divers, 59 x 103 cm, 2022

Cécilia Sagouis Coulon

Céramiste, illustratrice, Cécilia Sagouis Coulon s’inspire de formes d’art traditionnel japonais qu’elle mêle au quotidien et aux influences égyptiennes dans un dialogue saisissant.

Cet ensemble d’estampes, ou Ogiku revisités, bol et jardin sec de cailloux inscrits, s’inspire librement des objets traditionnels de la cérémonie du thé japonaise. Il rappelle la notion sacrée de l’écriture, où le signe lui-même a une potentialité magique comme c’était le cas sur les monuments et objets antiques en langue hiéroglyphique. De même le texte japonais d’un ogiku ne se déchiffre ni se comprend de prime abord, et peut contenir plusieurs niveaux d’interprétation ; de même le texte hiéroglyphique, ou arabe ou français peut sembler mystérieux pour qui ne connaît pas cette écriture.

« J’ai imaginé créer un Ogiku à partir d’un texte ancien en hiéroglyphes, un texte qui pourrait être à la fois sacré et à la fois compréhensible par tous. Je suis tombée sur le chant du Harpiste peint sur les murs de la tombe d’Inerkhaouy, chef d’atelier au village de Deir el Medina, datant de 1150 avant JC., publié par l’Ifao. Les paroles de ce chant, intemporelles, sont une invitation à jouir de la vie. […]J’ai choisi aussi la séquence hiéroglyphique « adorer le soleil à son lever » ainsi que l’image du geste d’adoration du soleil avec les mains, issu de l’Egypte antique, qui est pour moi aussi une évocation universelle, un symbole qu’on retrouve sur plusieurs continents. »

 

Cécilia Sagouis Coulon, Bol à matcha d’été, 14,5 x 6 cm, céramique, 2022

Cécilia Sagouis Coulon, Jardin sec : sept cailloux inscrits, céramique, 2022

Cécilia Sagouis Coulon, Lune, 37 cm x 48 cm, estampe, impression, collages, 2022

Focus d’œuvre #3

Adrien Monfleur est un artiste plasticien français diplômé de L’école des Beaux-Arts de Marseille. Il a bénéficié du programme de résidence Villa Champollion à l’atelier typographique de l’IFAO, soutenue par l’IFE.

Esse terrae est le projet d’une exposition qui s’attachera à faire découvrir les artefacts laissés par ces quinze êtres dans une grotte du désert Égyptien. Des masques en terre cuite, des tuniques brodées, divers objets ainsi que des écritures gravées dans la roche ont été retrouvés, preuve que cette légende s’est un jour réalisée.

Pensée de manière autonome et exposée à l’occasion de l’exposition « Écrire et Conter », cette impression confronte deux temporalités, matérialisées par les hiéroglyphes et cette matière holographique ; une manière de se questionner sur l’histoire de l’humanité, son continuum, ses répétitions et son évolution en portant son attention sur le rapport que l’être humain entretient avec le pouvoir et la transmission de la connaissance.

Elle illustre une légende fictive : « Lorsqu’un seul et même homme aura pris le pouvoir sur les humains, la faune, la flore et les éléments, la Terre choisira quinze hommes et femmes qu’elle privera de leurs sens pour leur enseigner la connaissance des lois et des principes qui la régissent. »

Adrien Monfleur, Esse terrae, vinyle holographique molletonné, 42 x 29,7 cm, 2022

Focus d’œuvre #4

Haytham Nawar est artiste et designer, ainsi que chercheur dans les domaines de l’art et du design. Il a construit sa carrière professionnelle et universitaire au cours des deux dernières décennies, en remplissant simultanément différents rôles.

Ce projet fait de l’intelligence artificielle le vecteur d’un nouveau langage qui puisse être compris par toutes les cultures et s’inscrit dans l’exposition « Écrire et Conter » de par son innovation en faisant le pont entre hiéroglyphes et emojis.

L’objectif de ce projet est de produire grâce à un programme informatique un langage génératif pictographique par apprentissage automatique. Un programme est alimenté d’une base de données de 180 systèmes d’écriture vectoriels : systèmes d’écriture pictographiques, idéographiques, logographiques, syllabaires et semi-syllabaires, et écritures segmentaires (Abjads et Alphabets). Le projet utilise plusieurs bases de données telles que Unicode et Omniglot en utilisant les images des blocs de caractères et a appliqué StyleGAN avec des outils de modification/programmation supplémentaires.

Le langage pictographique existant dans toutes les premières écritures de l’humanité est une pierre angulaire cruciale dans l’argument théorique de l’iconographie universelle commune à tous les systèmes d’écriture. Le fait que tous les systèmes d’écriture dérivés de manière indépendante soient apparus sous forme d’arrangements de pictogrammes avant d’évoluer vers des formes sophistiquées est une preuve de la nature iconographique significative de l’écriture en tant que notion.

Haytham Nawar, Generative Pictographic Language, impressions 3D, livre d’artiste, impressions 70 x 100 cm, 2021

@haythamnawar

Focus d’œuvre #5

Mohamed El-Agaty est un calligraphe professionnel basé à Dubaï qui a commencé son parcours professionnel dans la calligraphie il y a 8 ans.

L’œuvre est composée de lettres interconnectées de couleurs et de formes différentes, qui ressemblent aux communautés multiculturelles. La lettre, en 3D, occupe alors l’espace, se met en mouvement et entour le spectateur, comme une métaphore de l’environnement permanent de lettres et de mots qui entoure le quotidien, sans peut-être qu’elles soient déjà visibles. L’artiste y voit, en référence à Dubaï où il vit, une représentation d’une communauté accueillant plus de 120 nationalités : tous et chacun forment alors une société solidaire, forte et prospère, en travaillant ensemble.

« Peu importe qui nous sommes en tant qu’individus, nous pouvons créer des merveilles si nous nous unissons et travaillons pour un monde meilleur ».

Mohamed Agaty, Unity in Diversity, impression sur toile en polycoton, programme de réalité virtuelle, 100 x 100 cm, 2021

@agaty

Focus d’œuvre #6

Hazem El Mestikawy est un artiste visuel égyptien né en 1965, d’origine suisse, qui vit entre Le Caire et Alexandrie.

Son travail assimile ingénieusement l’art et l’architecture égyptiens et islamiques anciens, ainsi que les philosophies contemporaines de l’art minimal, telles que le Bauhaus. La pratique de Hazem El Mestikawy oscille entre les domaines de l’architecture, du design, de la sculpture et de la tromperie visuelle, et l’un de ses aspects intrigants est l’utilisation de matériaux à base de carton et de papier cartonné pour concevoir des installations qui sont respectueuses de l’environnement et qui semblent en même temps solides et impénétrables. L’artiste joue avec des matériaux fragiles, avec la lumière et l’ombre, avec le volume et l’espace environnant pour concevoir des formes faussement légères, défiant ainsi les frontières entre l’éphémérité du matériau et la nature durable du produit artistique.

Cette sculpture en carton constituée de quatre modules s’emboitant, dévoile de par ses volumes s’apparentant à de la pierre, un même message en calligraphie arabe géométrique ; « je suis l’autre ». Ce message lisible dans quatre directions différentes, forme un carré parfait posé à même le sol et octroie à cette œuvre un caractère philosophique et littéraire, qu’il n’est pas interdit de rapprocher de la formule utilisée par Rimbaud (1854-1891), dans une lettre à Paul Demeny du 15 mai 1871 : « je est un autre ». Une autre clef de lecture pourrait être celle d’un message ancré dans un mur de pierre, adressé aux réfugiés climatiques des temps à venir et signalant à l’autre, sa réciprocité ontologique.

Hazem El Mestikawy, I am the Other, carton, papier recyclé, 105 x 105 x 18 cm, Vienne, 2014, Courtesy of Mashrabia Gallery of Contemporary Art

@mashrabiagallery @hazemmestikawy

Focus d’œuvre #7

Mahmoud Tamman est un artiste et designer graphique égyptien, vivant et travaillant à Alexandrie.

Débuté en 2015, le projet Arabic Letters est un travail expérimental d’illustration et de typographie, inspiré de la calligraphie zoomorphique qui vise à transformer les mots arabes dans la forme de leurs significations. Cette tradition est ici réinterprétée et permet une lecture  plus contemporaine, moins académique.

Les mots se font illustration et laissent apparaître dans leurs constructions, l’image de l’objet ou de l’être animé référent. Cette série de vingt tirages rythme la déambulation des visiteurs dans les escaliers de l’Institut français d’Egypte, menant au Département d’Enseignement de l’Arabe Contemporain DEAC.

Mahmoud Tammam, Arabic Letters, 20 impressions, 60 x 60 cm, 2022

@mt_designs_

L’exposition est visible à l’Institut français d’Egypte (IFE) et l’Institut français d’archéologie orientale (IFAO), du 10 octobre au 14 novembre.